Note de Réalisation

En trente années au service de la jeunesse, j’ai réalisé que cette jeunesse avait des aspirations fortes de grandeur et d’avenir radieux, bien trop souvent à contre-courant de ce que la société venait le plus souvent leur offrir, car peu et mal écoutée.

J’ai eu toutes ces années le pouvoir d’aider ces enfants à gravir les échelons de leur vie professionnelle, j’ai été, autant que faire se peut, un passeur, un facilitateur d’expériences, un bon génie, à la faveur de ce poste de directeur de la Mission Locale Nord Martinique, qui, me plongeant au cœur même de leur vie quotidienne, m’a permis de prendre conscience plus encore, des incertitudes, des difficultés, des drames, des joies, mais aussi des peines infinies qui surchargeaient les frêles épaules de notre jeunesse pourtant en quête d’idéal.

Et, c’est à force de rencontrer des enfants en échec scolaire, des enfants en grandes difficultés, que j’ai fini par découvrir l’étendue du mal.

Convaincu de l’urgence absolue de pousser un cri de rage, réaliser une œuvre pour une cause m’est apparu comme une évidence.

Quoi de plus efficace que l’art pour détruire la laideur, quoi de mieux que le cinéma pour pointer du doigt les horreurs qui s’abattent sur notre jeunesse.

C’est ainsi qu’il m’a semblé inévitable de réaliser ce film, qui pourra inonder durablement les consciences de tous, jeunes comme adultes, et secouer les certitudes pour y mettre fin, c’est un objectif.

Ce qui m’anime, c’est parler de la vraie vie, et de créer une œuvre qui implique le public, dans laquelle il puisse reconnaître des moments importants de sa propre existence. S’inspirer de la vie réelle permet de rendre les personnages encore plus percutants, et ce sera ici le but recherché.

Pour mon premier film comme réalisateur et pour sa réussite, je suis convaincu de la nécessité de me faire accompagner d’un conseiller technique à la réalisation ayant plus d’expertises et aussi pour rassurer l’entourage et la production, ce qui me permettra de me concentrer plus facilement sur la direction d’acteur et l’aspect créatif.

Je veux que mon film, La marche blanche est un rendu réaliste, pour créer une fiction plus efficace avec une caméra fluide et discrète, un personnage à part entière, spectateur de l’intrigue.

Mon vécu auprès des jeunes et des représentants des institutions sont pour moi de remarquables sources d’inspirations pour les jeux d’acteurs, des miroirs, et les comédien(e)s en seront le reflet.

Le casting des jeunes représentera la diversité que nous pouvons trouver dans tous les lycées Français, pas de stigmatisation, nous sommes tous concernés.

Frapper les esprits des jeunes et entraîner une prise de conscience du mal que représente le harcèlement scolaire.

C’est là aussi, une raison pour laquelle nous apporterons un soin particulier à la direction photo. En effet, la lumière doit être un moteur de l’action, comme le sera la musique, pour laquelle j’aimerai utiliser des musiques qui parle du sujet, que la jeunesse écoute en date du film, des grands frères du Slam, du R&B, du Rap etc...

Sur l’image, j’utiliserai une palette de couleurs désaturées avec des bleus et des gris sourds pour créer un ton grinçant et réaliste. Cet étalonnage permettra également d'accentuer le contraste entre la lumière et l'obscurité, ce qui renforcera le style visuel du film.

Le film sera tourné avec peu de profondeur de champs mettant ainsi en valeur l’acting et gommant habillement les décors. Je cherche à réaliser un film universel dont la situation géographique importe moins que le propos. En matière de décors, je vais m’attacher à tourner plutôt en milieu urbain, en forêt, des lieux universels sans connotation particulièrement Martiniquais.

Nous travaillerons en amont sur la direction d’acteur, à laquelle nous apporterons un soin particulier et qui sera partagée avec metteur en scène professeur d'art dramatique. 

Je veux que La marche blanche soit conçue comme une claque au visage, un électrochoc pour faire ouvrir grand les yeux des spectateurs sur la problématique du harcèlement.

La jeunesse est notre trésor le plus précieux.

Je ferai mienne cette phrase de notre grand poète, Aimé Césaire :

“Il nous faudra avoir la patience de reprendre l’ouvrage, la force de refaire ce qui a été défait, la force d’inventer au lieu de suivre, la force d’inventer notre route et de la débarrasser des formes toutes faites, des formes pétrifiées qui l’obstruent.”

Jean-Michel LOUTOBY